jeudi 12 juillet 2012

Où va l'AS Roma? Un point sur l'intersaison de la Louve


Après une saison mouvementée, et au final bien décevante, la Roma entame un nouveau cycle.
L'expérience Luis Enrique a tourné court, et c'est un ancien de la maison qui revient, une véritable légende, en la personne de Zdenek Zeman.
Je vous par ailleurs invite à lire ce très bel article si vous voulez en savoir plus sur lui




Forcément, avec son 4-3-3 traditionnel et son style de jeu, de nombreux changements sont à prévoir dans l'effectif.
Plusieurs anciens cadres en fin de course sont priés d'aller voir ailleurs (Pizarro, Perrotta, voir Juan qu'on dit sur le départ également), tandis que Gago et Kjaer sont repartis, et que José Angel pourrait aussi retourner en Espagne.
Dans les "seconds couteaux", c'est le ménage également. Exit Brighi, Greco, Boriello, voire Borini. L'absence de compétition Européenne permet de s'appuyer sur un groupe moins fourni, avec une rotation plus courte.
Ainsi, pas besoin d'avoir 30 joueurs sous contrat pour l'équipe première, ce qui explique aussi les prêts de Viviani (à Padoue), et de Loïc Négo (en Série B également probablement), ce qui permettra aux jeunes de s’aguerrir, et pourquoi pas de prétendre à une place dans l'effectif dans un an.

Un mercato bien géré

Bien que Totti se soit plaint de l'absence d'un "grand nom" dans le recrutement estival, on peut se rendre compte que Sabatini a, pour le moment, plutôt bien travaillé.

En regardant au cas par cas, on se rend compte que les joueurs arrivants ne sont, d'une part, pas des énormes salaires ni des transferts surpayés, mais surtout, ils arrivent pour compenser les manques criants de l'effectif la saison passée.

Là ou on était plus que juste en quantité et en qualité à l'arrière, on remplace le très fragile Kjaer par Burdisso, qui revient de blessure, ce qui fera gagner en stabilité et en expérience. 
Le leadership de l'Argentin et la volonté dont il a fait preuve pour se remettre en forme (il s'entrîne avec les jeunes depuis Mai) laissent présager d'un nouveau visage dans l'arrière garde Romaine.
Cela pourrait permettre à Stekelenburg de s'affirmer, bien que le style de jeu de Zeman, qui demande un bloc positionné assez haut, ne soit pas ce qui convienne le mieux au portier Néérlandais, plutôt lent et léger sur ses sorties.

Pour le poste de latéral droit, on s'attend à une surprise. Van Der Wiel a refusé le poste  -et vu son niveau à l'Euro, ce n'est pas plus mal- Azpilicueta semble être hors de portée, et on s'orienterait vers une signature de Debuchy et/ou Sebastian Jung, jeune latéral Allemand, titulaire depuis deux saisons à l'Eintracht Francfort.

Une chose est sure, que ce soit l'un, l'autre, ou les deux, ce sera toujours mieux que Rosi et Taddei, qui sont pour le moins limités. L'Italien est clairement trop juste pour le très haut niveau, tandis que Taddei n'est lui clairement pas un latéral.
Ma préférence va vers Debuchy, mais avant tout parce que je ne connais pas le jeune Allemand.
Pour le moment, personne n'a signé (même si l'on parle d'un prêt avec option d'achat de Jung), mais on sent que l'encadrement a saisi l'importance de se renforcer à ce poste.

De l'autre coté de la défense, c'est la même chose. Bien que je sois un grand admirateur de José Angel, on ne peut pas dire que sa première saison fut exceptionnelle, et quand on connait l'exigence aussi bien physique que tactique que Zeman a envers ses latéraux, il est plus sage de s'offrir une vraie doublure (voire un vrai titulaire), ce qui sera le rôle du jeune Brésilien Dodo, débarqué hier des Corinthians. 
Grand espoir à ce poste, et convoité dans le passé par de grandes écuries (Manchester United notamment), le jeune Brésilien a vu sa progression fréinée par une rupture des ligaments du genou, ce qui laisse à penser qu'il ne sera pas prêt immédiatement, mais qu'il s'imposera peu à peu.
A mon sens, la présence de compatriotes dans l'effectif ne peut lui être que bénéfique, et la prochaine arrivée de Castan (programmée Lundi), sera probablement un atout supplémentaire à leur intégration.
Léandro Castan, donc, un autre Brésilien, défenseur central, également des Corinthians, viendra donc renforcer l'axe Romain, avec d'autres prétentions, puisqu'il est non seulement plus agé (26 ans), mais aussi bien plus expérimenté (titulaire indiscutable, et récent vainqueur de la Libertadores).


Seul problème de toutes ces arrivées: une ligne arrière renouvelée à 100%, passant de Rosi/Taddei-Kjaer-Juan-Jose Angel/Marquinho à Debuchy?/Jung?-Burdisso-Castan/Juan-Dodo/Jose Angel.
On peut donc prévoir une période de rodage, le temps de mettre en place les automatismes indispensables au bon fonctionnement d'un secteur défensif.
Reste à voir si l'accent sud-Américain que l'on prend nous ramènera aux belles heures du trident Zago - Samuel - Aldair.

Au milieu, les retouches sont plus limitées. Outre Gago, reparti à Madrid, et Greco, probablement envoyé au Chievo ou au Genoa, sont sur le départ Brighi (de retour de prêt), voire Perrotta et Pizarro (dépossédé de son numéro 7 au passage), mais Pjanic, Marquinho, et Simplicio, déjà en place, seront rejoints par de nouveaux joueurs.
On parle avec beaucoup d'insistance de Bradley, dont la nationalité Américaine est un atout supplémentaire pour lui, puisque cela facilitera la promotion de la Roma aux Etats-Unis (pays des propriétaires du club). Devrait aussi arriver rapidement, la priorité absolue de Zeman, le milieu grec Tachtsidis, propriété du Genoa, et qui vient de passer une saison au Hellas Vérone.


De retour de prêt, le jeune Florenzi devrait lui aussi intégrer l'équipe première, beaucoup d'échos très prometteurs entourant son expérience de l'an passé.
Un milieu très complet donc, auquel il faut ajouter Daniele De Rossi, évidemment, ce qui fait 7 joueurs pour 3 places, ce qui est, à mon sens, bien assez.
Pas forcément de grands noms, mais des profils qui me semblent complémentaires, ce qui est bien plus important au final. Connaissant l'exigence de Zeman, la présence de doublures de bon niveau est indispensable, ce qui explique la nécessité de conserver un noyau important, et de ne pas laisser partir tout le monde.

Devant, rien n'a changé, ou presque. Boriello est revenu pour peu de temps, tandis que Borini pourrait rejoindre des Reds assez fou pour offrir 15M€ pour s'attacher ses services.

Il resterait donc Totti, Osvaldo, Lamela, et Bojan, éventuellement Taddei, qui pourrait jouer sur un coté dans le système Zeman.


Au final, donc, l'équipe semble bien renforcée. Pas de noms ronflants, mais des joueurs choisis soigneusement, de quoi rester optimiste pour la prochaine saison, pas forcément pour jouer le titre, mais au moins pour finir sur le podium.

Un renouveau par le jeu, le vrai

Fini le temps de la possession stérile, place au vrai football.
On le sait, Zeman aime jouer. Moins extrémiste que Luis Enrique, il vient avec ses principes, mais sait aussi s'adapter à son environnement.
Le 4-3-3 marquera la fin d'un Daniele De Rossi obligé de se coller à sa défense pour organiser le jeu depuis sa surface de réparation, et on devrait voir se multiplier les centres pour Osvaldo, bien trop peu mis en valeur à mon sens l'an passé.
La possession ne sera plus une obligation, et l'on risque d'être beaucoup moins prévisibles que la saison dernière, surtout grâce aux différents profils disponibles. Un Simplicio, un Marquinho ou un Pjanic n'apporteront pas la même chose à l'équipe, et le changement de l'un pour l'autre, par exemple, peut complètement modifier le schéma de jeu et bouleverser les plans de l'équipe adverse.

Reste le cas Totti, qu'il faudra bien mettre quelque part. Il ne peut clairement plus jouer au milieu, et l'axe de l'attaque, ou Zeman l'avait placé il y a quelques années,  semble promis à Osvaldo. Zeman a déclaré qu'on pourrait le voir jouer...ailier. Une chose est sure, c'est surement l'un des ajustements que j'attends avec le plus d'impatience.

La préparation quasi-militaire a permis de jauger les forces en présence. On sent bien que Lamela est très affuté, et que l'accent sera mis sur un jeu en mouvement, très demandeur physiquement, mais toujours aussi plaisant à voir.
On attend beaucoup de cette Roma, mais pour moi, toute ambition repose sur la réussite de notre avant-centre, quel qu’il soit, et la solidité de notre défense.

Le milieu semble très prometteur (Je salive déjà devant un trident Pjanic - Tachtsidis - De Rossi), et l'absence de compétition Européenne peut être un atout considérable, il n'y a qu'à voir ce qu'a fait la Juve l'an passé....

Mais dans une Serie A qui retrouve peu à peu sa compétitivité, les places seront chères, et il faudra être prêt dès le début de la saison pour ne pas connaitre une nouvelle année sans.

mardi 15 mai 2012

La reconstruction de la Roma: Point sur l'effectif

A l'orée d'un mercato qui s'annonce agité, un point sur l'effectif Romain, et la manière dont je souhaiterais le voir évoluer.

Gardiens de but:

Marteen Stekelenburg devrait évidemment rester titulaire, malgré une saison plutôt mitigée. On justifiera ses performances inégales par la distance entre sa ligne de défense et lui, alors que les sorties sont clairement sont point faible, et par le temps d'adaptation nécessaire.
Il devra cependant faire mieux l'an prochain.

Son remplaçant, Bogdan Lobont, est dans la lignée de nos gardiens précédents (Doni, Julio Sergio...), c'est à dire peu fiables, avec un style que l'on qualifiera de particulier, mais largement suffisant pour une doublure.

Curci, lui, est resté dans l'effectif surtout pour les besoins des quotas UEFA. Reste à voir si l'on peut le remplacer par un jeune, sachant que Pigliacelli, le gardien de la Primavera, va rejoindre Parme.

Mon avis sur le poste: 
Vendre Curci, amener un jeune en tant que numéro 3 si possible. Pour une fois qu'on a un bon gardien, autant lui laisser du temps.


Latéraux coté gauche:

José Angel a été très décrié toute la saison. Avec Kjaer, il centralise toutes les critiques d'une ligne défensive ou pourtant personne n'est à sauver. Si on a un entraineur capable de comprendre qu'il faut couvrir ses montées, il peut apporter beaucoup. Seulement, il semble sur le départ, après une seule saison à Rome.

Taddei a également occupé ce poste, mais, par pitié, ne recommençons pas le n'importe quoi.

Mon avis sur le poste: 
Deux options, soit on s'adapte au jeu de Angel, et on achète un remplaçant, soit on reconstruit (encore) la hiérarchie de ce poste.
Je penche plutôt pour la première, avec un joueur comme Contento, par exemple, en doublure.

Latéraux coté droit:

A ce poste, c'est le désert. Entre un Rosi ayant juste le niveau d'une doublure, un Cicinho qu'on a payé 11M€ alors qu'il est en pièces détachées, et un Cassetti qui a bientôt l'age de Maldini,  Il faut absolument deux bons joueurs à ce poste. Sachant que l'on ne joue pas de compétitions Européennes, un remplaçant issu de la Primavera serait certainement une bonne solution.

Mon avis sur le poste:
Faire venir un vrai titulaire (on parle de Van Der Wiel mais j'adorerais voir arriver Azpilicueta), et promouvoir Loïc Négo en doublure.

Défense centrale:

Là aussi, le chantier est énorme. Mis à part Burdisso, que l'on espère récupérer à 100% de ses moyens, tous les autres joueurs sont sur la sellette. Kjaer a réalisé une saison très décevante, loin des performances attendues. On parle de la possibilité d'un nouveau prêt par Wolfsburg, mais y'a-t-il vraiment un intérêt à cela? Soit il a convaincu, soit on le laisse à d'autres.
Juan, lui, est malheureusement en fin de carrière. Toujours autant gêné par les blessures, ses absences à répétition empêchent tout automatisme de se mettre en place. A mon sens, si on le conserve, c'est sur le banc.
Heinze, lui, a été très bon 6 mois, avant de couler avec le reste de la ligne arrière. Il a rendu service cette année, mais ça suffira, merci. J'ai deja évoqué Cassetti, repositionné dans l'axe, et je parlerais de De Rossi, qui a fini la saison à ce poste, avec les milieux de terrain.

Mon avis sur le poste:
 A part Burdisso, tout le monde peut partir. Il faut renforcer le poste avec de l'expérience (Ottamendi, par exemple, qui a l'avantage de déjà connaitre Burdisso), tout en se penchant sur des jeunes talents (comme Silvestre). En bonus, un retour de Mexes prêté par Milan, mais là c'est purement utopique.

Milieux défensifs:
Je n'aime pas vraiment cette appellation, mais on fera avec. On retrouve dans ce rôle Daniele De Rossi, Greco, Simplicio, et Viviani.
A part Greco qui serait plus à son aise dans un club de milieu de tableau, je conserverais avec joie les 3 autres. Viviani en vraie doublure, Simplicio en puncheur venu du banc comme il a su le faire cette saison. Ca devrait être largement suffisant puisque nous ne jouons qu'une seule compétition...

Mon avis sur le poste:
On vend Greco et on fait confiance à Viviani, qui a déjà fait ses premiers pas avec l'équipe cette saison. On changera forcément toute la défense, un peu de stabilité au milieu ne fera pas de mal.

Milieux relayeurs:
Je classe ici les milieux axiaux qui ne sont pas juste devant la défense (même si certains d'entre eux savent le faire).
Nous avons donc Gago, Perrotta, Marquinho, Pjanic et Verre, auxquels il faut ajouter la possibilité d'un retour de prête de Brighi.
Beaucoup de monde pour peu de certitudes. Comme Kjaer, Gago a peu convaincu, et je le laisserais volontiers retourner à Madrid. Marquinho a gagné au moins le bénéfice du doute, par sa polyvalence et sa volonté, il faudra juste lui apprendre à ne plus tirer de n'importe ou.
Perrotta et Verre sont deux bons joueurs complémentaires, l'un de par son expérience, l'autre, par son potentiel et sa jeunesse.

Mon avis sur le poste: 
On laisse Gago repartir au Real, et on prend Khedira en échange, puisque Mourinho souhaiterait le remplacer. On l'associe à Pjanic, qui devra gagner en constance, tout en récupérant enfin de sa blessure dont il n'est jamais véritablement revenu.
Le reste, on garde la même chose, sauf si Perrotta veut partir, et on le libère pour services rendus. Surtout, on évite l'arnaque Sissoko dont le nom circule depuis un moment maintenant.

Milieux latéraux:
Plus vraiment dans le système depuis quelques années maintenant, il ne reste qu'un joueur à ce poste: Rodrigo Taddei qui a joué les dépanneurs derrière cette saison.
Reste à voir qui reprendra l'équipe, et dans quel système nous évoluerons.

Mon avis sur le poste: 
Tout dépendra du système de jeu. Reste que si on n'en utilise pas, libérons Taddei, plutôt que de l'utiliser à des postes qui ne lui conviennent pas.

Milieux offensifs:
Totti. Lamela. On ne fait pas mieux en Europe.

Mon avis sur le poste: 
A moins de pouvoir faire venir Ozil en l'échangeant contre Lobont, aucun changement en vue.

La ligne d'attaque:
Très sceptique au départ, j'ai vite été convaincu par Osvaldo, qui devra cependant apprendre à gérer ses émotions. Espérons que le fait de manquer l'Euro lui mettra du plomb dans la tête.
Borini, lui, est un très bon espoir, et son apparition en sélection est une juste récompense du travail qu'il a accompli cette saison. Reste qu'il faudra confirmer sur une saison complète l'an prochain.
Bojan est sans doute le meilleur footballeur des trois, mais il a le mental d'un enfant de 12 ans. Au dessus du lot lors de la préparation, il a peu à peu disparu avant de réapparaître quand il n'y avait plus d'enjeu et que la saison était finie.Très bon footballeur, mais inadapté au haut niveau, en tout cas tant qu'il n'aura pas progressé dans sa tête.

Mon avis sur le poste:
Un vrai casse-tête. On ne peut pas se débarrasser de Bojan, mais il nous faut un troisième attaquant performant. La solution que je préconise? Embaucher une armée de psys pour travailler avec lui.

L’entraîneur:
Luis Enrique a tenté d'amener quelque chose de nouveau à l'équipe. Au delà de ses faiblesses affichées sur le plan tactique, il a tout de même su imposer une idée de réussite par le jeu, sur laquelle j'aimerais que l'on continue à bâtir.
Pour cela, et pour éviter de perdre toutes les améliorations de la saison passée, mon choix personnel s'arrête sur deux noms.
Mon premier choix, Villas-Boas, passé du statut de coach que tout le monde voulait à celui de moins compétent que Di Matteo suite à son passage à Chelsea, il a deja prouvé, notamment à Porto, qu'il savait ce qu'il faisait. Un seul frein: son salaire, trop élevé l'an passé. Avec les indemnités que les Blues vont lui verser, il consentira peut-être à un effort.

Second choix: Montella. Enfant de la maison, il a déjà dirigé l'équipe l'an passé. Seulement, non retenu, il a réalisé une saison exceptionnelle avec Catane (pour situer: son avant-centre, c'est Bergessio), mais son expérience du haut niveau est à mon sens encore insuffisante.
Par contre, il connait la maison comme sa poche, et a l'appui des supporters, ce qui est un atout indéniable, bien que toujours temporaire, dans un environnement Romain compliqué.




vendredi 11 mai 2012

L'après Luis Enrique

Moins d'un an après sa nomination, Luis Enrique a finalement jeté l'éponge.
De plus en plus contesté, d'une part par les médias qui adoraient remettre tous ses choix en question, et d'autre part par les Ultras du club, dont la contestation montait depuis quelques semaines.

Je ne cacherais pas que son départ me satisfait, ayant eu beaucoup de mal à suivre sa logique, aussi bien tactique qu'humaine, et, plus important, ne voyant aucune amélioration dans les faiblesses qui caractérisent la Louve depuis le début de la saison.

Sa vision romantique du jeu et les déséquilibres du recrutement ont fragilisé un effectif bancal, limité en nombre comme en qualité.
Les faiblesses défensives criantes, accentuées par la blessure de Burdisso en début de saison, n'ont jamais été résolues. Que ce soit sur le plan individuel, ou Heinze, Kjaer et Juan ont tous connu leur lot d'erreurs, ou sur le plan collectif, ou les montées des latéraux non couvertes par leurs coéquipiers créaient des espaces béants dans la défense Romaine.

Autre point noir, la discipline. Le nombre de cartons rouge cette saison est incompréhensible, et montre aussi une certaine nervosité. Le summum du ridicule étant la défaite à Florence, ou la Roma avait fini à 8...

Dans une saison ou la Roma n'a jamais su passer la première étape de sa reconstruction, la plus grosse déception restera la victoire à Naples.
On y a alors vu les prémices de ce qu'aurait pu être le système Enrique. Seulement, voila, un match sur une saison, c'est loin d'être suffisant, surtout lorsque vous perdez les deux derbys face à un voisin qui vous dépasse au classement.

Certes, ce n'est pas facile de lancer la reconstruction, mais Luis Enrique n'a pas forcément été l'homme de la situation. Souvent entêté dans ses choix, souhaitant assez clairement se passer de Totti ("Nous devons apprendre à jouer sans lui", avait-il déclaré le mois dernier).
Seulement, à chaque fois qu'il a sorti Totti ou De Rossi (puni pour son fameux retard de 5 minutes), il a perdu, les jeunes recrues n'ayant pas encore les épaules pour porter l'équipe à eux seuls.
Et c'est là un autre reproche que j'ai à lui faire.
Plutôt que de vouloir opposer les anciens et les nouveaux, il aurait du s'appuyer sur ses cadres pour intégrer peu à peu les plus jeunes. Le traitement du cas Borriello, notamment, est pour moi symptomatique. Jamais aligné, il se morfondait sur le banc, alors qu'il pouvait clairement rendre des services, comme il l'a montré en cette fin de saison avec la Juve.
Son optique de n'aligner qu'un "grand bon de la tête" (Osvaldo) avec un "petit rapide" (Lamela/Bojan/Borini) ressemble beaucoup plus à un choix de jeu vidéo qu'à une vraie décision tactique.

Cependant, Luis Enrique n'avait pas tout faux, il a aussi subi les aléas sdu quotidien d'un club de football. Outre la blessure de Burdisso, celle de Stekelenburg face à l'Inter, et l'adaptation compliquée de José Angel à un championnat autrement plus tactique par exemple, ne l'ont pas aidé à s'installer. L'absence d'un arrière droit de métier dans l'effectif non plus.
Reste que son bilan ne parle pas pour lui, puisqu'il a été sorti par Bratislava en tour préliminaire de l'Europa League, et qu'il ne qualifiera pas l'équipe pour l'Europe la saison prochaine.

Pire encore, il a souffert de la comparaison avec son prédécesseur, Montella, qui a obtenu des résultats équivalents avec...Catane. De quoi décevoir des supporters déjà sceptiques lors de la nomination du coach Hispanique.

Et maintenant?

La rumeur veut que l'Aéroplanino revienne coacher la Louve la saison prochaine. Malgré l'affection que j'ai pour lui, ce choix voudrait simplement dire que l'on tire un trait complet sur tout ce qui a été mis en place cette saison.
Plutôt que de continuer sur la lancée d'un entraîneur qui aime que son équipe développe du jeu (avec André Vilas-Boas par exemple), on repartirait sur un projet presque opposé, qui nécessiterait des profils de joueurs complètement différents.

Des joueurs comme José Angel, Gago, Bojan ou même Pjanic ne seraient pas forcément les plus indiqués pour jouer sous Montella.
De plus, tous les préceptes de jeu seraient à oublier, à effacer, rendant tout le travail de Luis Enrique inutile, ce qui signifierait qu'au final, nous aurions juste perdu un an dans notre reconstruction.

Affaire à suivre donc, même si l'annonce de l'arrivée de Montella pourrait avoir lieu dès ce Lundi.

Au niveau de l'effectif

Cette semaine, deux arrivées semblent se profiler. D'une part, le latéral droit de l'Ajax Van der Wiel, qui comblerait le trou béant de la Roma à ce poste, et le défenseur central Boulahrouz, en fin de contrat, qui arriverait probablement pour remplacer Heinze ou Juan, tous deux sur le départ.

Point commun entre ces deux joueurs: leur nationalité néerlandaise. Alors que Stekelenburg a souvent semblé avoir du mal à communiquer avec sa ligne arrière, des relais parlant la même langue devraient faciliter les échanges, et donc l'intégration et les automatismes entre les joueurs.

Reste qu'un grand chassé-croisé des joueurs devrait encore avoir lieu cet été, puisqu'on parle des départs de José Angel (Barça), Juan (Brésil), Heinze, Cassetti (retraite), Cicinho (pièces détachées), Gago (option non levée?), Simplicio, Taddeï...

Pour les arrivées, mis à part Van Der Wiel et Boulahrouz, difficile de faire venir des joueurs tant que le nouveau projet n'est pas défini.
Une chose est sure: Peu importe qui sera le nouveau coach, avec un groupe renouvelé dans ces proportions, il sera difficile, voire impossible, d'obtenir une cohésion d'équipe rapide.
D'autant plus que l'absence de challenge Européen pourrait écarter Rome du choix des bons joueurs sur le marché....
C'est donc une nouvelle saison délicate qui s'annonce pour la Louve, reste à voir si un bon recrutement couplé à un nouveau management suffira à redresser la barre.

mardi 24 avril 2012

Luis Enrique, le futur au détriment du présent




Un entraîneur formateur

On le savait proche des jeunes joueurs. On connaissait sa tendance à mettre en avant des jeunes talents, chose logique puisque c'était son rôle à Barcelone, ou il couvait les jeunes pousses de l'équipe B pour les préparer au grand saut vers l'équipe première.

C'est même pour cela que Luis Enrique a été recruté, puisque la Roma voulait bâtir un projet sur plusieurs années, en reconstruisant l'équipe, vieillissante et en fin de cycle.

Sur le principe, pourquoi pas. Un jeune entraîneur avec une philosophie de jeu bien à lui, des recrues "adaptées" à ce style de jeu, et un rajeunissement de l'effectif, je suis partant.
Sur les faits, de trop grandes lacunes dans le recrutement et dans le coaching entraînent la Roma vers une saison sans relief et sans qualification Européenne.
Dur à encaisser pour un club de ce standing, pourtant bardé de nouveaux propriétaires et d'un discours prometteur.

Luis Enrique, l'erreur de casting

Après presque une saison, le bilan de l'Espagnol est maigre. Éliminé piteusement en Europa League avant même la phase de poule, sorti sans difficulté de la Copa par la Juve, et à la traîne en Serie A, avec, pour couronner le tout, deux défaites lors des derbys. 
Et ne pensez pas que cela compte pour rien, une victoire au match retour aurait laissé bien plus de marge de manœuvre au technicien Espagnol. Seulement, comme lors de chaque grande affiche de la saison, la Roma a déçu. Et les supporters grondent.

Soyons clair, tout n'est pas de sa faute. Il a un projet, des idées, il y croit dur comme fer, mais voila, il a une capacité d'adaptation proche du néant.
Alors que son système figé montre clairement ses limites dans un championnat aussi tactique que celui d'Italie, jamais il n'a tenté autre chose que son schéma de départ. Des latéraux excentrés offensifs qui créent des trous béants dans leur dos, qui ne sont pas couverts par le repli des milieux, et les adversaires qui exploitent systématiquement les espaces, je l'avais remarqué face à Cagliari, lors du premier match de la saison. C'est exactement comme cela que sont venus les buts de la Juve cette semaine.
L'Atalanta s'était régalé en contre et avait atomisé la Roma sans forcer son talent. Lecce, ou l'équipe était invaincue depuis de nombreuses années, a passé 4 buts à la Louve....
Et c'est là que c'est inadmissible. En 8 mois de travail, l'équipe ne s'est pas améliorée du tout, malgré les retouches assez surréalistes du mercato hivernal (j'y reviendrais plus tard).
Le fond de jeu reste correct, la circulation latérale du ballon et la conservation également, mais l'avant-dernière passe, celle qu'un Pizzarro, par exemple savait si bien faire, n'est plus là.
Avoir deux bons joueurs devant, c'est bien, mais si personne ne peut leur donner le ballon, à quoi servent-ils?
Les changements constants du 11 type empêchent tout automatisme de se développer, et certains joueurs ont clairement perdu de leur influence au fur et à mesure que leur poste changeait. La mise à l'écart progressive de Totti par un entraîneur voulant absolument avoir raison commence à peser, et j'ai beaucoup de mal à croire qu'une seconde saison avec ce fonctionnement soit envisageable.

L'étrange gestion du cas Totti

Aujourd'hui, en conférence de presse, comme d'habitude, la presse monomaniaque a posé des questions sur la surprenante non-titularisation du Capitaine emblématique de la Roma face à la Juventus.
Facilement irritable sur un sujet qui le suit depuis le début de saison (Totti et Luis Enrique s'étaient brouillés après le remplacement du premier par Okaka en Europa League), le coach Catalan a déclaré: "Bien sur que Totti est le meilleur joueur de ce groupe, mais l'équipe doit apprendre à jouer sans lui, parce que dans le futur, il ne sera plus là".

Cette déclaration me parait des plus étranges. Certes, Totti a 34 ans. Ses plus belles années sont derrière lui, mais jusqu'à preuve du contraire, il est encore membre à part entière de l'effectif. Apprendre à jouer sans lui à des joueurs, dont certains quitteront le club avant qu'il prenne sa retraite, me parait une justification plus que fantaisiste. 
Une équipe doit apprendre à jouer avec les joueurs qui la composent, et non avec les joueurs qui la composeront dans 3, 4 ou 10 ans.

Se passer de Totti dans un tel match, et tenter un coup en titularisant le faiblard Marquinho et le vieux Perrotta face au meilleur milieu de terrain d'Italie, ça a un nom : la bêtise.
Bêtise provoquée par l'entêtement d'un coach déterminé à prouver qu'il peut réussir à Rome sans Totti. Preuve qu'en plus de ses lacunes tactiques, Luis Enrique n'a pas compris le contexte du club ou il est venu.

Le coach comme seul coupable?

Surement pas. Vous avez compris que je ne suis pas un grand fan de Luis Enrique, ayant déjà de nombreux doutes sur le système Barcelonais à la base, sa transposition  dans un championnat autrement plus tactique et moins offensif que la Liga me laissait songeur.
Reste que le coach n'a jamais fait de mystères sur sa volonté et son projet. Que cela ne fonctionne pas, cela arrive, mais ce n'est pas pour autant qu'il est seul à blâmer.

La gestion des mercatos a, elle aussi été au mieux un semi-échec.
Dans les "bonnes" recrues, nous pouvons parler de Osvaldo, Borini, Pjanic, voire Heinze. 
Dans celles qui ont encore le bénéfice du doute, on citera Lamela et José Angel. 

Au rayon des déceptions, Stekelenburg vient au premier plan. Censé être notre premier vrai bon gardien de but depuis Antonioli, le néerlandais a vu ses limites exposées par une défense dépassée constamment. Trop lent sur ses sorties, il est sujet aux cartons lors de chacun de ses face-à-face, comme face à la Juve ou encore lors du derby. Seulement, des face-à-face, il en aura de très nombreux à gérer puisque sa ligne de défense est très (trop?) haute et les adversaires jouent régulièrement dans le dos de l'arrière garde Romaine. 
Reste qu'il est tout de même capable de bonnes performances, et qu'on peut penser qu'une fois qu'il aura plus de facilités à échanger avec ses défenseurs, son niveau augmentera en conséquence.

Les véritables échecs sont les suivants: 
Kjaer, catastrophique sur plus de la moitié de ses sorties, alors que l'on attendait de lui qu'il remplace Mexès. Propulsé titulaire par la blessure de Burdisson, il s'est vite fait griller la politesse par un Heinze bien plus combatif, avant que les limites physiques de Juan n'oblige le Danois à jouer.
Impossible qui plus est de sortir le traditionnel discours de l'adaptation à un nouveau championnat, car Simon connait bien la Serie A. Un mystère d'autant plus surprenant qu'il réalise de belles performances en équipe nationale.

Bojan, lui, est le prototype même du buteur qui ne sert à rien. Celui qui marquera quand vous mènerez 4-0 ou que vous serez mené par 3 buts d'écart à 15 secondes de la fin du match. On sent qu'il a du jeu, mais que son mental est aussi fort que mon amour pour la Lazio. Un joueur qui gagnerait à partir dans un championnat sans pression, comme la seconde moitié du tableau de la Liga ou la Ligue 1 par exemple.

Gago, lui, confirme ce que je pensais de lui. C'était un espoir exceptionnel qui ne s'est jamais vraiment remis de ses blessures et de son manque de temps de jeu au Real. Il lui reste quelques flashs par moment, mais rien de bien transcendant, loin de son image de "nouveau Redondo" malheureusement.

Au mercato d'hiver, ces déceptions ont été rejoints par Marquinho, un énième milieu brésilien sans relief, dont la spécialité est la frappe de loin dans la tribune opposée. Pas exceptionnel dans le jeu, pas hyper-présent physiquement, pas techniquement au dessus de la moyenne, ce recrutement est pour le moment un grand mystère pour moi.

Et c'est devant le nombre d'erreurs de casting et de choix étranges que ma confiance pour le management sportif du club s'effrite.
En Janvier, alors que Burdisso était blessé depuis 3 mois et out pour la saison, c'est un milieu de terrain qui a débarqué, venant compléter l'armada de joueurs moyens déjà présents à ce poste (Greco, Simplicio, Perrotta, Gago, plus Viviani sortant de la réserve,  et Pjanic pouvant y jouer également...), obligeant De Rossi à reculer d'un cran de plus en plus régulièrement.
Et on parle de faire venir Dempsey (Fulham, et surtout Américain, comme les propriétaires) et Sissoko (de Toulouse), qui ne seraient pourtant pas de nettes améliorations à ce poste à mon sens.
Autre gros manque, aucun arrière latéral droit de bon niveau n'est présent dans l'effectif, Rosi étant moyen au mieux, Cassetti complètement cramé et Taddei clairement hors de position malgré toute sa bonne volonté. 
Pas de back-up de José Angel non plus, alors que les latéraux devraient être le poste le plus important du système de Luis Enrique.

Des choix assez illogiques qui ont amené la Roma à un effectif bancal et selon moi mal construit, cause incontestable de certaines contre-performances.


 Une saison de perdue?

Comme je le disais plus haut, Luis Enrique prépare le futur. Sauf que dans un club aussi sujet aux pressions que la Roma, le futur, c'est maintenant. Que l'on accepte de laisser du temps à un nouveau projet, je le conçois, et je suis pour, mais quand après une saison complète, rien n'évolue, difficile de ne pas être sceptique.

Alors que la Roma ne disputait qu'une seule compétition (l'Europa League étant finie avant même de commencer), il est assez incroyable de la voir s'empêtrer à un niveau de points similaire à celui d'un Inter qui a complètement loupé sa saison et changé deux fois de coach.

La saison prochaine s'annonce sans coupe d'Europe, et pleine d'incertitudes. Qui sera coach? Luis Enrique aura-t-il convaincu les propriétaires de le garder? Et avec quels joueurs? 
Clairement, la Roma se trouve à un tournant. Au Management de bien le gérer pour ne pas gâcher une saison supplémentaire.










lundi 5 mars 2012

L’échec du système Luis Enrique


Cet été, beaucoup de choses ont changé à Rome.
Après plusieurs années de rumeurs et d'affabulations, le club a enfin été vendu.
Exit la famille Sensi, départ de nombreux joueurs, et arrivée de celui que l'on présentait comme le nouveau Guardiola, Luis Enrique.

Un profil attractif

Je ne fais pas ici allusion à son fameux nez cassé, mais bien à son parcours dans le football.
En tant que joueur, Luis Enrique a été un pion majeur du Barça après avoir passé 5 saisons au Real. En 2008, il est nommé entraîneur de la réserve Blaugrana, qu'il réussit à ramener à la 3ème place de la seconde division Espagnole. Il met en place une philosophie de jeu similaire à celle de Guardiola, basée sur la possession de balle et des joueurs occuppant des roles plus que des postes précis. Grand formateur, il participe à l'éclosion de nombreux talents, aujourd'hui en équipe A.
Tenté par une expérience dans un autre cadre en 2011, il rejoint la Roma l'été dernier, les nouveaux propriétaires le préférant, notamment à Didier Deschamps. Un choix surprenant vu l'inexpérience du Monsieur, et son absence totale de passé dans un club de première division.
Malgré tout, on se remet à espérer le retour du beau jeu, disparu avec Spalletti il y a trop longtemps. On promet une équipe attractive, avec un jeu offensif, et du spectacle. Tout ce qu'il faut pour réussir à Rome.


A peine débarqué, Luis Enrique veut imposer son point de vue. En tour préliminaire de coupe d'Europe, alors qu'il a perdu à Bratislava face au Slovan, il sort Totti à 30 minutes de la fin du match retour pour le remplacer par Okaka, et la Roma terminera sur un piteux match nul qui l'éliminera des compétitions Européennes. Il Capitano n'est pas content et le fait savoir, et un premier conflit oppose les deux hommes, conflit qui ne trouvera sa résolution -officielle- qu'après de nombreuses interventions de différents membres du club.
En conférence de presse, il montre tout son caractère. Entêté, sur de lui, il n'accepte pas les critiques (souvent injustifiées à cette période), et ses échanges avec les journalistes Italiens sont souvent savoureux.

Des débuts difficiles

Sur le terrain, il veut appliquer les mêmes principes qu'au Barça. Il souhaite développer un jeu offensif, basé sur la possession de balle, avec des latéraux très offensifs.
Le recrutement du club est construit là-dessus, on fait venir des milieux à l'aise avec le ballon (Gago, Pjanic), et des avant techniques et explosifs (Borini, Lamela). Notons aussi la venue de Bojan, arrivé dans les bagages du coach, et sur qui il compte s'appuyer pour mettre en place son système.
Seulement, derrière, seuls Heinze et Kjaer arrivent alors que Mexes est parti et Burdisso gravement blessé, et l'effectif ne compte que deux latéraux valides, José Angel et Rosi, puisque Luis Enrique comptait étrangement sur un Cicinho pourtant tout le temps blessé.
Clairement, l'effectif est déséquilibré. Cela semble ne pas gêner le technicien Asturien, qui met en place sa tactique, dans un système ou les joueurs paraissent au départ complètement perdus.
Le pauvre Osvaldo est introuvable durant les trois premiers matchs, et erre comme un perdu sur le coté gauche de l'attaque. José Angel montre rapidement sa faiblesse tactique, exploitée immédiatement par les adversaires et Bojan manque plus d'occasions que Bakayoko et Lamine Sakho à leur heure de gloire. La Roma joue très haut, avec une ligne arrière très lente. Les contre-attaques fusent et le jeu est très prévisible. Logiquement, le début de saison est poussif, mais on se doutait que tout n'allait pas arriver du jour au lendemain.

Avec le retour de Gago, blessé au départ de la saison, la Roma semble retrouver un peu d'entrain. De Rossi est plus libre, moins collé à ses défenseurs, et peut organiser la relance. Menée par Totti et Pjanic, la Louve obtient quelques bons résultats, et propose, par phase, du jeu attractif. On assiste à l'émergence d'un Taddei au poste d'arrière latéral, et à l'arrivée en douceur de Lamela, présenté comme la nouvelle merveille du football Argentin à son arrivée.
Comme Luis Enrique le veut, la Roma a la balle, beaucoup, allant parfois jusqu'à 70% de possession, mais le jeu reste au final très stérile.
L'équipe reste inconstante, et est sujette aux sautes de concentrations et erreurs individuelles, notamment de Kjaer. Clairement, les défenseurs centraux sont trop souvent pris à défaut sur les contre-attaques. Logique, puisque le coach leur demande de jouer haut.
Pris en grippe par certains supporters, Luis Enrique se borne à son système.
Convaincu du bien-fondé de ses idées, il n'en change jamais, pas même en cours de match, et maintient sa confiance à sa tactique, même lorsque l'équipe se retrouve en infériorité numérique, situation bien trop fréquente (déjà 8 expulsions depuis le début de la saison...).
La discipline, revenons-y. Principe de base de Luis Enrique, elle semble pourtant faire défaut à un effectif que l'on jurerait à bout de nerfs. Outre les expulsions, le jet de maillot de Bojan, ou encore la bagarre Osvaldo-Lamela semblent témoigner d'un climat tendu dans le vestiaire Romain.

Luis Enrique, l'Homme qui n'utilisait qu'un seul système de jeu

L'Espagnol veut imposer son schéma, et ne veut en aucun cas en changer, quel que soit l'adversaire, et quels que soient les joueurs à sa disposition.
Seulement, dans un championnat aussi tactique que la Serie A, c'est du suicide. N'ayant pas les joueurs qu'il faut pour appliquer son système à la perfection, il se retrouve criblé de défauts.
Dès qu'il manque un cadre, l'équipe sombre. Les victoires sans De Rossi sont très rares, et l'animation offensive est proportionnelle au rayonnement de Totti.
Après une mauvaise série ponctuée par une défaite mémorable face à la Fiorentina, Luis Enrique commence à être critiqué, et il craque complètement en interview lorsqu' Ancelotti (alors libre de tout contrat) déclare qu'il entraînera un jour à Rome.

Arrive alors le match face à l'Inter de Ranieri, ancien coach Romain. Les Milanais reviennent bien, et l'on s'attend à un gros match. Seulement, la Roma écrase ses adversaires, leur infligeant un cinglant 4-0, première victoire à domicile face à un "gros" cette saison.
On se remet à rêver, à croire en la possibilité de réussite du projet. Luis Enrique évoque la possibilité d'accrocher la troisième place. Surtout, il s'offre du temps, et du calme pour travailler. Il peut sereinement continuer avec ses idées. 
Seulement, l'équipe continue avec son inconstance, en allant perdre à Sienne par exemple.

L'application des règles au détriment du résultat

Alors qu'un tournant face à l'Atalanta se profile, il décide de se passer de De Rossi, en retard de moins de 5 minutes à une réunion d'avant-match. Selon le règlement de l'équipe, l'international Italein, figure du club, doit être suspendu.A Bergame, c'est depuis les tribunes que "Le capitaine du futur" assiste à la déroute de son équipe.
Le match est un désastre, la Roma prend l'eau de toute part, et le coach adverse se permet de dire que c'est l'équipe la plus facile à contrer tactiquement de l'ensemble de la Serie A.
La polémique sur la non-sélection de De Rossi enfle (alors que Kjaer était aussi en tribune), et à une semaine du derby, la situation est problématique.
La Lazio est mieux classée, encore en course en Europa League, mais subit une crise suite à la 65ème fausse démission de la saison de son coach.
On se dit que Luis Enrique va s'adapter quelque peu, jouer plus bas, mais non.
Résultat, dès le début du match, suite à un mauvais alignement, les Laziale partent dans le dos de la défense Romaine, Stekelenburg provoque un penalty et est exclu. Le match est fini.
Pour la seconde fois de la saison, la Roma perd le derby, et se retrouve à 10 points de la Ligue des Champions. Les dirigeants effectuent les traditionnelles sorties dans la presse réaffirmant leur confiance dans leur coach, mais il est difficile de croire encore dans ce projet.

Incapable d'ajuster ses plans à l'adversaire, ni même à ses joueurs, Luis Enrique a atteint le point de non-retour. A Rome, une saison peut être sauvée à travers les derbys. Cette année, la Louve a perdu les deux, et va regarder la prochaine Ligue des Champions à la télévision.
On promet une amélioration, on rappelle sans cesse que c'est un projet à long terme, mais voila, la réalité ne plaide pas en faveur du coach Espagnol.


Des chiffres sans appel

Alors qu'il prône une philosophie basée sur le jeu, la Roma inscrit 37% de ses buts sur coups de pied arrêtés. Étonnant, mais logique quand on regarde plus précisément les matchs, ou la Louve a bien du mal à se créer des occasions. Manque de déplacement, manque de liant, et mouvements trop prévisibles pour mettre à mal les défenses adverses regroupées, voila une explication des faibles performances offensives (seulement 1,5 buts par match).
Un problème physique semble aussi se révéler, puisque les Romains ont encaissés deux tiers de leurs buts en seconde période. Finalement, cela semble assez logique vu la quantité d'effort demandée par le système Enrique.

Ajoutez à ça l'âge de la défense (Juan et Heinze n'étant plus tout jeune), et vous comprenez rapidement qu'un système aussi exigeant avec vos défenseurs centraux n'est pas tenable sur la durée. Résultat, la Roma encaisse 1.3 buts par match, et dans la première partie de tableau, seul un Inter complètement déliquescent fait moins bien.
Pour couronner le tout, dans un championnat ou la tactique est prépondérante, la Roma, incapable de se réinventer en cours de match, a déjà abandonné 15 points à domicile, souvent contre des adversaires regroupés qui attendent et contrent avec succès.
Que le système ne soit pas à son efficacité optimale dès son application n'est pas un drame en soi, ce qui est bien plus gênant, c'est le manque de progrès de l'équipe, qui perdait déjà en se faisant contrer lors de la deuxième journée (la première disputée cette saison) face à Cagliari.
Certes, habitué à travailler avec les jeunes, Luis Enrique a favorisé l'émergence de Borini en n'hésitant pas à lui faire confiance, mais c'est bien peu pour sauver son bilan.
Dans une ville ou l'urgence des résultats se fait très vite sentir, pas sur que cela suffise à redorer son blason auprès de supporters de plus en plus impatients.
Malgré un projet de jeu alléchant, une nouvelle approche tactique, et des joueurs qui le décrivent comme un coach brillant, il parait difficile de croire encore en le succès de Luis Enrique à Rome.

mardi 24 janvier 2012

Totti et moi, 15 ans deja



C'est l'histoire d'une rencontre qui a eu lieu un peu par hasard.
Rien, a priori, ne me destinait à connaitre si bien Francesco. 
N'étant pas d'origine Italienne, n'ayant jamais visité Rome, n'ayant pas vu de match "marquant" de la Roma dans ma jeunesse -ce type de match qui peut vous faire tomber amoureux d'une équipe en 90 minutes- la probabilité de faire de moi un ardent supporter Giallorosso était faible.

Comme souvent dans ce type de relation, c'est un entremetteur qui a tout provoqué.
Alors que je jouais latéral gauche à mon humble niveau, j'ai flashé sur un petit Guingampais, Vincent Candela, que je me suis mis à suivre assidûment, et que j'ai alors pris en modèle.
Je copiais ses gestes, son style, sa hauteur de chaussettes, ses crampons, et même, avec beaucoup moins de réussite, sa coiffure. Quand, en 1997, il a quitté le village d'irréductibles Bretons pour rejoindre Rome, c'est assez naturellement que je l'ai suivi.



A ce moment là, je commençais à me coucher plus tard, et en plus des matchs de première division de l'époque, j'ai ainsi pu découvrir le football Européen au travers de l'équipe du Dimanche.
J'étais émerveillé devant tous ces grands joueurs que je ne connaissais que de nom, la variété des types de jeu proposés, mais à l'époque, déjà, je restais éveillé avant tout pour la Serie A.
Malheureusement, les grands formats étaient en priorité consacrés au Milan (Desailly oblige), à l'Inter (Djorkaeff, Cauet et Ronaldo) ou à la Juve (Zidane étant arrivé un an plus tôt, rejoignant Deschamps chez la vieille dame).
N'ayant pas les moyens dont nous disposons aujourd'hui, je devais me contenter des courts résumés des matchs de la Roma, ce qui me satisfaisait peu. 
Qui dit résumés courts, dit priorité aux phases offensives, et là, Candela n'était pas le plus présent. C'est alors que mon attention fut attirée par un milieu offensif aux allures de jeune premier, et à partir de ce moment, nous allions devenir inséparables.


Pas encore de question de tactique, ou de positionnement, juste une question de classe et de charisme à ce moment. Je n'étais alors qu'un jeune Fanboy, et pour moi, le joueur qui marquait les buts de mon équipe favorite était mon héros. 
Je ne le connaissais alors pas plus que ça, mais je l'aimais, pas tout à fait comme tous les autres joueurs de l'effectif Romain. Il avait quelque chose de spécial pour moi, que je ne saurai expliquer. Sur le terrain, j'avais été repositionné en second attaquant. Je commençais à baisser mes chaussettes, et je rêvais d'avoir une coupe au bol. J'avais pour ambition d'être capitaine, et je voulais tirer tous les coup-francs en force. Je voulais être le Totti de mon club.


Puis vint ma période "Football Manager", ou la Roma, avec les arrivées de Montella et Batigol notamment, était la meilleure équipe du monde. Je passais des heures sur ce jeu, faisant reposer mon schéma tactique sur un meneur de jeu, et les victoires que Totti m'apportait me le rendaient encore plus sympathique.
Il me permettait d'apporter virtuellement au club que j'aime les titres qu'il mérite. Cela parait inconcevable, mais ça a aussi grandement contribué à faire grandir mon affection pour lui.
Puis, avec l'équipe et les résultats qui montaient, l'équipe du Dimanche commençait à les diffuser de plus en plus souvent en grand format.
J'ai pu découvrir son caractère difficile, sa technique, ses coups de sang, mais surtout, son leadership et sa classe.

L'année 2000 fut pour moi l'une des plus belles, même si durant l'été, je fus habité d'un sentiment mitigé.
J'étais certes ravi de voir la France de Vincent Candela remporter l'Euro, mais dans le même temps, ils s'imposaient de la pire des manières possibles face à Delvecchio, Montella, et Totti. Une partie de moi ne pouvait se réjouir d'un tel résultat. Mais une fois la saison en club débutée, ce sentiment disparut.

La Roma crevait l'écran, avec son système en 3-5-2, ses Brésiliens fantasques, les meilleurs latéraux du Calcio,  mais surtout son trio de feu en attaque. Capello me faisait découvrir l'aspect tactique du football, et Totti rayonnait toujours plus.
Impossible pour moi de ne pas le voir, grandissant dans son costume d'empereur de Rome, leader incontestable de mon équipe, star parmi les stars.
Le titre de champion m'a apporté une joie que je pensais insurpassable, mais j'étais loin de la vérité.
La saison suivante, pour la première fois, j'ai pleuré de joie devant la télévision. Je n'avais pas gagné au loto, ou vu un film très prenant, non, la Roma écrasait la Lazio 5-1, avec un quadruplé de l'aéroplanino, et un lob magique de celui qui, à ce moment précis, allait devenir définitivement mon idole. Un sentiment bien plus fort que pour le titre, car plus ponctuel et plus immédiat, mais surtout une victoire arrachée face à l'ennemi de toujours, celui qui représente tout ce que je déteste, et à qui il faut à chaque fois montrer qui sont les vrais Rois de Rome.


Dans un registre bien moins joyeux, c'est à peu près à cette époque que j'ai découvert les magazines "spécial mercato". Chaque semaine, Foot Transfert et autres Buts annonçaient Totti aux 4 coins de l'Europe, se permettant même d'affirmer que mon Capitaine allait signer à l'OM, un club "de standing supérieur". 
Chaque jour, j'écoutais avec attention toutes les émissions Sport possible à la radio pour entendre la confirmation de son départ.  Rapidement, mon été devenait invivable, on m'annonçait que mon idole, qui jouait dans le club de mon coeur, allait partir, me tromper pour de l'argent et un projet sportif "plus intéressant". 

Il ne pouvait pas me faire ça, pas à moi! 

Candela était parti, vers qui allais-je me tourner pour remplacer Francesco dans mon coeur? J'avais l'esprit plein de doutes, de questions, et de peur, effrayé que j'étais de voir mon idole s'en aller.
Il m'a fallu plusieurs années pour que je comprenne que Totti était Rome, et qu'il était impossible de le voir partir. 

Comme toutes les relations, celle que je partage avec Totti a connu des hauts et des bas. Le plus bas fut l'Euro 2004, ou la séparation était proche. 
Ce fut la première et seule fois que Totti me trahissait. Convaincu qu'il allait mener l'Italie au sommet, leur faire gagner l'Euro, et repartir avec le ballon d'or l'hiver suivant, ma déception fut immense quand il se cracha sur l’innommable, et fut suspendu, m'abandonnant dès le début d'une compétition qui n'attendait que lui. J'avais ce sentiment d'avoir été trompé, abandonné, par celui sur qui je comptais tant. Une partie de moi s'était brisée.


Suite à cette déception, je commençais à me trouver d'autres compagnons de rêve. Mexes, que j'appréciais déjà beaucoup à Auxerre, arrivait à Rome. Et je jouais désormais défenseur central. J'ai réajusté la hauteur de mes chaussettes, et je commençais à décortiquer chacune de ses performances, pour m'en inspirer. Je voulais tacler comme lui, défendre comme lui. Totti n'était plus que mon "n°2", mon premier amour, celui que l'on oublie pas, mais qui n'est plus là.

Mais en 2005, un nouvel acteur allait remettre notre relation sur de bons rails. Comme Candela 8 ans plus tôt, il allait jouer un rôle capital. 
Le peu chevelu Luciano Spalletti allait rependre les rênes de la Roma, et la remettre au niveau ou elle se devait d'être. Pendant quelques années, la Louve allait proposer le meilleur jeu d'Europe, basé sur un mouvement constant, et une fausse pointe à la finition.
Pas besoin de vous préciser qui tenait ce rôle, et qui allait vite redevenir mon favori.
En une saison, tout était oublié. Son impact technique, sa vision du jeu, sa classe hors-du-commun, il m'éblouissait un peu plus à chaque diffusion...J'avais appris à pardonner les coups de sang de Totti, réalisant que c'est aussi par ce type d'évènement que se construit une légende.
Maradona, Zidane, Pelé, tous les plus grands ont leur coté sombre, leur "anecdote" peu recommandable, mais pourtant part entière de leur personnage.
Quand on aime, ce ne doit pas être uniquement pour les bonnes choses, il faut aussi accepter et comprendre les moins bonnes.

En 2006, j'ai à nouveau pleurer devant ma télévision, cette fois-ci lors du match face à Empoli. Les images, en boucle, du pied de Totti planté dans le gazon, quasiment à l'envers, étaient pour moi insoutenables.
Mon idole était blessée, gravement. Allait-il revenir à son niveau? Allait-il à nouveau manquer une compétition internationale? Allait-il abandonner la Roma?

Les questions étaient nombreuses, et à cette période, je me suis mis à acheter la Gazetta Dello Sport pour suivre l'évolution de son état de santé, traduisant les articles à l'aide d'Internet.
Je souffrais avec lui, je le soutenais à distance, même s'il ne le savait pas. J'étais là pour lui, comme il avait été là pour moi. Son retour et sa victoire à la Coupe du Monde 2006 furent pour moi, la plus belle des récompenses. Puis, je suis entré dans la vie active, j'ai pu m'acheter son maillot, le porter dans les situations difficiles pour qu'il soit toujours avec moi. 

En 2008, la séance de penalty face à Arsenal fut un déchirement. Quand ton idole voit son rêve s'envoler et quitte le terrain en pleurs, sous les acclamations des commentateurs partiaux de Canal+, difficile de rester calme. Je me rappelle être parti ce soir là courir sous la pluie en pleine nuit pour évacuer ma frustration. A nouveau, mon idole était blessée, et à nouveau, je ne pouvais rien y faire.

Ce sont justement ces situations qui renforcent l'amour pour un club. C'est dans la douleur qu'il y a le plus besoin d'être supporter. Il est toujours facile de s'afficher aux couleurs du gagnant après coup, mais les émotions sont démultipliées par la durée, et la véritable affection que l'on porte au club de son coeur.

Depuis, Totti a refusé l'argent de Los Angeles pour rester à Rome, prouvant à nouveau si besoin est qu'il nous aime au moins autant que nous l'aimons.
Il défraie toujours la chronique avec ses T-shirts et ses déclarations. Chaque jour un peu plus, il multiplie les raisons de l'apprécier.

Plus récemment, notre relation a évolué. Je suis allé à Rome, sur ses terres, pour comprendre à quel point nous étions nombreux à avoir cette relation avec Totti. En sortant de l'avion, il est sur la première publicité que l'on croise.
Tous les étals des marchands vendent sa figurine, au coté du Pape et du traditionnel gladiateur. Tous les magasins de sport mettent en avant son maillot floqué. Il est partout, tout le temps. Il règne sur Rome, chaque rue ou presque possédant quelque chose nous rappelant sa présence. On sent l'amour que la ville lui porte, et on comprend pourquoi il lui a été impossible de s'en aller.

Sur le terrain, la Roma a retrouvé un coach qui comprend notre empereur, même si leur relation a mal débutée. On retrouve le génie de notre Capitaine, même s'il court moins, va moins vite, et tire moins fort.
Maintenant, Totti encadre les plus jeunes, et chasse les records. Et je suis toujours aussi attentivement ses matchs, et ceux de la Roma. Après 15 ans ensemble, je ne vois pas pourquoi ça changerait.

Pour tout ça, et toutes les choses que j'ai surement oubliées,  Grazie, Capitano.