lundi 27 mai 2013

Un jour sans fin

Depuis le rachat de la Roma par James Pallotta, le club de la capitale Italienne s'est remis à rêver. Nouveaux sponsors clinquants, promesse d'un nouveau stade, et, surtout, nouveau projet de jeu. La Roma devait retrouver sa superbe, et devenir le Barcelone Italien. L'idée était simple: copier le modèle Catalan, en oubliant qu'il ne suffisait pas de transposer une idée travaillée depuis des années pour que cela réussisse, et gagner des titres pour ravir les Tifosi. Seulement, nous sommes deux ans après le début du projet, et, au club, rien ne semble avoir véritablement commencé.

Des choix désastreux

 En Juin 2011, la Roma, pour construire son nouveau projet, nomme un nouveau directeur sportif, en la personne de Walter Sabatini. Arrivé en grandes pompes après son expérience à Palerme, on attend beaucoup de lui. Il doit donner les directives techniques au club, choisissant quels contours offrir au club Romain. Seulement, quand on regarde le modèle Palermitain, ou l'idée est de recruter à bas prix pour revendre cher, en espérant jouer le milieu de tableau, cela ne correspond pas du tout à ce qui est attendu à Rome.

Comment, dans ce cas, justifier du choix de Sabatini comme directeur sportif? Comment justifier, après un an et demi d'échecs en terme de recrutement, sa prolongation de contrat, obtenue en Mai dernier? Sabatini est une énigme. Ses recrutements sont plus que douteux, ses choix approximatifs, et sa passion pour l'Amérique du sud laisse songeur.

 Son supérieur, Franco Baldini, est un autre mystère. Quel rôle joue-t-il exactement? Est-il impliqué dans le recrutement? Dans le choix des hommes? En tout cas, c'est à lui qu'on devra la saison prochaine un maillot sans manufacturier, ce qui montre tout le professionnalisme dont il a fait preuve dans ses négociations pour rompre le contrat avec Kappa, affaire qui aboutit à un procès ou la marque réclame 60M€ au club. De quoi remettre dans le rouge des finances tout juste remises à flots. Toujours est-il que ce duo, qui parait intouchable, est la cause principale des errements de ces deuxdernières saisons


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  Une succession de décisions catastrophiques

 Avant le rachat du club, la Roma était dirigée par Montella. Légende du club, et entraîneur prometteur, il semblait parfaitement convenir aux ambitions de reconstruction. Mais la volonté de copier le Barça était telle, que les dirigeants ont préféré faire place nette pour ériger Luis Enrique, coach improbable, au management catastrophique, aux capacités d'adaptation proches du néant, et qui n'avait comme seule carte de visite que le fait d'être sur le banc quand la réserve du Barca jouait, en homme fort du club.

 Il n'a pas fallu un mois pour que tout explose. Élimination piteuse en Europa League, ou le coach Espagnol, soucieux de prouver son autorité, remplacera Totti par Okaka alors que la Roma devait marquer, conflit ouvert avec son capitaine, choix tactiques désastreux.... En 4 semaines, on savait déjà qu'il y avait un soucis, ne serait-ce que dans la cohérence de l'Ibérique. Comment jouer avec un bloc très haut lorsque l'on recrute un joueur comme Kjaer en défense centrale? Danois physique, aux pieds carrés et à la vitesse d'un Massey-Ferguson en montée, il a rapidement été la tête de Turc du club. Et cela a permis à quelques autres de passer inaperçus.

Stekelenburg, incapable d'arrêter une frappe croisée, José Angel, qui n'avait de défenseur que le nom, Gago, le nouveau Redondo d'il y a 20 ans, plus fragile qu'un œuf, ou encore Borini, et surtout Bojan, l'Espagnol tellement précoce, qu'à 22 ans il a quasiment déjà pris sa retraite du haut niveau. Et tous ces joueurs sont venus en remplacement de Mexes et Pizarro, partis gratuitement faire les beaux jours de vrais clubs bien mieux gérés, Menez et surtout Vucinic, vendu à la Juve pour la moitié de sa valeur. Que la situation dégénère était plus que prévisible. Que cela n’entraîne que le départ de Luis Enrique pour le recrutement d'un coach encore plus dépassé tactiquement l'était moins.

 A l'issue de cette première saison, si le Président Pallotta comprenait quelque chose au football, il aurait révoqué son équipe dirigeante, et se serait appuyé sur les anciens du club pour construire un vrai projet, en restructurant tout le club, pas juste en essayant d'acheter une multitude de joueurs en espérant que les rares réussites masquent les nombreux échecs.


   


Une seconde saison encore plus risible


Avant de parler du choix de l’entraîneur, regardons à nouveau les choix de joueurs. Départs de Juan, Simplicio, et Heinze, trois des seuls vrais guerriers du groupe, et arrivées en masse de Brésiliens aux talents incertains. Certes, Marquinhos a été une extraordinaire trouvaille.
Mais comment expliquer Dodo, Piris, Tachtsidis, ou même Torosidis?
Comment, après l’échec Borini, peut-on à nouveau parier sur Destro, au profil assez semblable, plutôt que de prendre un vrai avant-centre de renom?

 La Roma débutait donc cette saison avec un effectif à nouveau modifié en profondeur, un autre système de jeu, et un coach rigide au possible. Certes, Zeman a des qualités, notamment dans la préparation physique, mais le nombre de soucis qu'il a rencontré avec ses joueurs indique qu'au niveau de la motivation et de l'encadrement des joueurs, il y a un soucis. Seulement, est-on vraiment sur que ce soit bien de sa responsabilité? Comment la direction a pu laisser Osvaldo enchaîner les incartades sans être sanctionné? Comment Marquinho a pu reporter le maillot de la Roma après avoir craché sur son coach? Comment Pjanic a pu insulter son coach après avoir marqué un but sans que personne ne dise rien? Il semble que la question est surtout, qui aurait bien pu sanctionner les joueurs? Installés dans un confort agréable, sans direction, ils sont les véritables maîtres à bord.

 Quand certains en profitent pour se transcender, d'autres préfèrent partir en voyage à Londres les jours de match quand ils sont suspendus. Et personne ne dit rien. Peut être n'y a-il pas de moyens de communication Boston, lieu de résidence du président du club.


   
   

L'arrivée de l'épouvantail


 Après une bonne série en fin d'année, marquée notamment par une rouste infligée au Milan, Zeman aura du mal à revigorer ses troupes en 2013. Résultat, le coach Tchèque, de toute façon plus préoccupé par le nombre de titres de la Juve que par la gestion de son groupe, se retrouvera limogé, et remplacé par Andreazzoli.

 Vendu comme un messie aux supporters grâce à son passé d'assistant de Spaletti, on a vite compris pourquoi l'ancien coach Romain ne l'avait pas emmené dans ses valises lors de son départ en Russie. Incapable de coacher en cours de match, alignant des joueurs à des postes improbables (Lamela latéral droit...), il n'aura été qu'un outil pour tenter de calmer la fronde populaire, masquant l'absence de cohérence dans les résultats par une qualification en finale de Coupe d'Italie.

 Seulement, cette finale était à double tranchant. Les deux équipes devant absolument gagner pour sauver leur saison et disputer une compétition Européenne, l'enjeu était de taille. Avec une prestation proche du néant dans le jeu, ou seuls Marquinhos, Bradley et Totti ont réussi à surnager, et ou le couloir gauche a été mis au supplice par une doublette Konko-Candreva n'ayant pourtant rien d'exceptionnelle, la défaite de la Louve marque le point d'orgue de deux ans de gestion ridicules.


   


Et maintenant?

Le choix est simple. Soit on s'appuie sur l'ossature de joueurs de bons niveaux, à savoir Marquinhos, Castan, Bradley, Pjanic et Totti, soit on continue dans le n'importe quoi. Le club n'a pas de gardien, pas de latéraux, pas de vrai dispositif de jeu, pas de buteur régulier et fiable, bref, il y a beaucoup de manques. Là ou l'on pensait que certains jeunes allaient s'épanouir, on se rend compte que l'absence de vrais joueurs de caractère capables d'emmener un groupe vers le haut est insurmontable, et que le principe d'acheter des jeunes sud-Américains pour tenter de les revendre par la suite a des limites criantes, surtout lorsque l'on se trompe 4 fois sur 5.

 Il faut que le club se réveille, que le Président préside, et s'appuie sur des vraies connaisseurs du club, si spécifique, avec son ambiance si particulière. Il ne faut pas tenter de transposer un quelconque modèle, non, il faut créer le notre, avec notre identité, celle qui a fait les succès de la Roma, celle qui a permis les titres aux débuts des années 2000. Autrement, autant laisser partir Totti, Marquinhos, et les autres, parce que nous ne ferons que gâcher leur talent en les encadrant de pitres incapables de proposer autre chose que des flashs de ce qu'ils pourraient être avec du sérieux et du travail, chose que personne à Rome ne semble vouloir imposer. Malheureusement.