Après une première partie de saison mitigée, on pensait la Roma lancée après sa belle victoire face au Milan. Mais depuis le début de l'année 2013, les contre-performances s’ enchaînent, et l'état de crise est déclaré.
Mais d'ou vient le problème?
Que ce soit Stekelenburg ou Goicochea, aucun gardien n'a véritablement convaincu. Tous deux irréguliers, peu rassurants, mais capables de réaliser de bons matchs, le choix parait difficile.
Mais que ce soit l'un, ou l'autre, il faut établir rapidement une hiérarchie stable et claire, et ne pas changer de portier toutes les semaines.
Cela ne résulte qu'à les mettre sous pression, ce dont ils n'ont pas vraiment besoin vu leur fébrilité actuelle, et entraîne des déclarations inappropriées, comme celles du Néerlandais la semaine dernière, qui, de plus, n'ont pas été sanctionnées malgré leur gravité (il jugeait Goicochea "inutile").
De plus un gardien et son remplaçant doivent former un duo soudé, puisqu'ils travaillent ensemble au cours de la semaine, et ne peuvent pas être en opposition constante, comme ils le sont depuis l'arrivée de l'Uruguayen et ses déclarations tapageuses ("Je suis venu pour être le titulaire" avait-il déclaré lors de sa présentation. Ambiance...).
Autre chose, il est indispensable que le gardien se fasse clairement comprendre de ses défenseurs, et pour cela, il faut que tous manient convenablement l'Italien. L'absence de volonté de Stekelenburg d'apprendre la langue est donc, pour moi, totalement inacceptable.
Après, sur les qualités intrinsèques, on connait celles de Stekelenburg, comme ses points faibles (sa lenteur pour se coucher, ses difficultés sur les frappes croisées, ses sorties défaillantes et son jeu au pied moyen), mais celles de Goicochea restent floues. Peu à l'aise dans le jeu aérien, pas du tout rassurant dans les duels, il ne donne pas l'impression d'un talent hors norme capable d'exploser et d'éblouir le monde. Au contraire, il rappelle étrangement Doni, tant par ses attitudes que par son style peu orthodoxe.
Et quand on se souvient des performances du Brésilien, ce n'est pas forcément un gage de sûreté.
Une défense catastrophique
Sur ce point, le problème est systémique certes, mais pas seulement. Si la Roma encaisse autant de but, c'est aussi à cause de ses joueurs. Entre une incapacité flagrante à jouer le hors-jeu correctement, notamment lorsque Burdisso est aligné, un Balzaretti très décevant, et une couverture plus que moyenne des milieux de terrain, les problèmes sont nombreux.
Zeman a ses défauts, certes, mais il ne peut pas porter, à lui seul, la responsabilité de ce désastre.
Lorsque l'on prend les joueurs un à un, aucun n'est en dessous au niveau de ses qualités, comme pouvait l'être Kjaer la saison passée. Le duo Marquinhos - Castan est plutôt satisfaisant, et même Piris commence à convaincre, après des débuts hésitants.
Balzaretti reste loin de son niveau, mais n'est pas catastrophique au point de porter le poids de l'échec défensif Romain.
A mon sens, le problème a de multiples causes. La première: la disparition des latéraux défensifs.
De plus en plus en vogue en Europe, le latéral offensif doit apporter devant, savoir centrer, combiner, marquer... C'est pour cela que la tendance à y aligne d'ancien ailiers dans les centres de formation perdure et s'impose presque comme mode unique de formation, à tort, selon moi.
Finie les gestes techniques défensifs, tacles debout, défense en reculant et autres gestes de ce genre, on veut maintenant des latéraux rapides, capable de couvrir une distance énorme, quitte à ce qu'ils soient un peu plus juste défensivement.
Sous l'égide du système Espagnol, tout le monde s'est mis à croire que l'on pouvait attaquer à 9, toujours avoir le ballon, et gagner tous ses matchs. Et bien, malheureusement pour le spectacle, ce n'est pas possible. D'une part, parce que les deux équipes sur le terrain ne peuvent pas totaliser 60 de possession toutes les deux, et d'autre part, parce qu'une équipe, ça s'équilibre.
Là ou un Busquets vient compenser les montées de ses latéraux, se replaçant au niveau de ses défenseurs le cas échéant, Tachtsidis, lui, se porte vers l'avant pour tenter d'intercepter le ballon le plus haut et le plus rapidement possible. Seulement, dans les cas ou il se fait éliminer, la charnière centrale se retrouve immédiatement en grande difficulté, les latéraux n'étant plus là.
Dans les matchs ou la Roma est dominée, c'est encore pire. Les latéraux tentent souvent des courses pour lancer les contre-attaques, mais dès le ballon perdu, les espaces dans leurs dos sont énormes.
Le système à 3 attaquants ne permet pas à une équipe de faire monter ses deux latéraux en même temps, surtout quand les milieux de terrain ne couvrent pas. Et comme l'on demande surtout à Bradley et Florenzi de se projeter vers l'avant, il ne faut pas espérer les voir compenser.
Une attaque à mettre en cause?
Lorsque l'on regarde les stats des attaquants Romains, on se dit que tout va pour le mieux.
Totti est toujours aussi présent, avec 7 buts et 8 passes décisives en 20 matchs, en plus de son influence sur le jeu.
Pablo Daniel Osvaldo est inarrêtable, avec 11 buts et 2 passes en 16 matchs, tandis que Lamela en est lui à 10 buts en 1 matchs. Même le très critiqué Destro en est à 4 buts en 16 matchs, une moyenne plus faible, mais qui s'explique au moins en partie par son temps de jeu limité.
Pourtant, les observateurs se plaignent d'un manque d’efficacité qui empêcherait les victoires Romaines. Il est sur que la Roma manque des occasions, comme toutes les équipes du monde, mais est-ce que la Roma manque plus que les autres? Regardons ce que disent les chiffres, en ne considérant que le "11 type"
En moyenne, la Roma frappe en moyenne 17.55 fois au but par match, pour 47 buts inscrits. Soit, 2.14 buts par match, ce qui nous fait donc un but toutes les 8.2 frappes.
A titre de comparaison, la Juventus inscrit un but toutes les 8.3 frappes avec 22 frappes par match pour 2.09 buts par match, et Naples inscrit un but toutes les 5.7 frappes, mais ne frappe que 12.5 fois par matchs, pour 1.95 buts par match. Et a un extra-terrestre nommé Cavani pour compenser.
A mon sens, le constat est donc loin d'être alarmant, et justifier une non victoire dans un match ou l'on inscrit trois buts par un manque de réalisme offensif me parait quelque peu surprenant.
Un manque de discipline
Comme l'an passé, la Roma prend beaucoup de cartons: 56 jaune et 6 rouge en 22 match, c'est très loin d'être normal.
Des joueurs sont clairement nerveux, comme Pjanic, mais d'autres, eux, payent leurs errances et leurs mauvais placement. En premier lieu, le Grec Tachtsidis, qui ferait presque passer Thiago Motta pour un joueur sain d'esprit.
Le problème, dans un cas comme dans l'autre, vient du mental des joueurs. Soit ils n'appliquent pas assez bien les consignes et se retrouvent hors de position, soit ils sont en clair désaccord avec leur coach et sa philosophie (ce qui est le cas de l'ancien Lyonnais), et cela se traduit par une tension anormalement élevée.
Dans les deux cas, la responsabilité est aussi celle du coach, soit de laisser un joueur insuffisamment impliqué et / ou talentueux sur le terrain, soit de ne pas avoir réglé les problèmes en interne et de régler ses comptes par presse interposée.
Mais ce manque de discipline s'explique aussi par les difficultés entre Zeman et son groupe. Habituel révolutionnaire prompt à demander le départ de ceux qui ne lui plaisent pas, Totti, semble, cette fois, être hors du coup.
Mais des accrochages ont eu lieu avec Stekelenburg, Burdisso, De Rossi, Osvaldo, Marquinho et Pjanic. Cela fait beaucoup pour un seul homme, et l'on ne me fera pas croire que tous les problèmes viennent uniquement des joueurs.
Et un groupe avec une mauvaise ambiance, cela se ressent, cela se voit, et cela crée des décalages d'implication, et donc d'intensité dans le jeu, notamment dans le pressing, et lorsqu'une équipe qui veut jouer très haut ne presse pas de manière uniforme, il est très facile pour les adversaires d'approcher la surface de but.
Alors, que faire?
Malgré tous les désaccords que je peux avoir avec lui, Zeman ne doit pas, seul, porter la responsabilité de cet échec. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais, au final, on joue pour un club, pas seulement pour un coach. Certaines attitudes sont inexcusables, et le manque de réaction des dirigeants me rend perplexe.
Pour ses déclarations, Stekelenburg aurait du être envoyé en tribune pour au moins un match. Pour le crachat de Marquinho, la sanction a pourtant été appliquée. Pourquoi, alors, une différence entre les joueurs? Comment un groupe peut-il accepter des injustices de la sorte?
Autre chose, comment expliquer que Balzaretti, cramé et blessé, ne laisse pas sa place à Torosidis contre Bologne, et pourquoi Torosidis n'avait été testé qu'à droite aux entraînements alors que Piris sortait d'une performance de haute facture face à l'Inter?
Il y a de nombreux points d'amélioration, selon moi. Mais aucun d'eux ne pourra être réglé "juste" en changeant de coach, de projet, de style de jeu et de titulaires en plein milieu de la saison, alors qu'il faut absolument se qualifier en Europa League, et que la demi-finale retour de la coupe face à l'Inter s'annonce comme le tournant de la saison.
Il faut finir la saison avec Zeman, quitte à "le recadrer" sur certains points (Tachtsidis...), et le laisser aller au bout de ses idées. Parce que se précipiter pour changer de coach alors que tous les noms intéressants sont en poste (Pioli, Montella...), c'est probablement la pire des solutions.
Ensuite, cet été, on avise. En commençant à préparer le projet dès maintenant. Parce que, bon, 6 mois pour trouver un latéral droit remplaçant, ce n'est pas vraiment sérieux....