mardi 29 novembre 2011

Premier Bilan de la saison Romaine



Pour cette saison de transition, la Roma parait pour le moins inconstante. Capable de prestations solides puis de s’effondrer, il est temps, après un tiers du championnat, de réaliser un premier bilan de l’équipe de Luis Enrique.

Sur le plan collectif :
Très brouillon au départ de la saison, notamment en Europa League et lors des 3 premières journées de Serie A, la Roma a eu du mal à s’adapter au système de son nouveau coach. C’est assez compréhensible, puisqu’il ne se repose pas sur un système traditionnel et figé, mais plutôt sur des "rôles" individuels. 

Ainsi, l’équipe débute « sur le papier » en 4-1-2-1-2, mais passe à 3 derrières en phase offensive, avec des latéraux très offensifs, et un milieu défensif qui s’occupe de la relance en venant rechercher le ballon à hauteur de ses défenseurs centraux. Forcément, la transition n’est pas évidente, et il a fallu que tout le monde s’habitue à ses nouvelles missions.
De plus, le système évolue quelque peu depuis que Gago est apte à enchainer les matchs.
La position moyenne des joueurs face à Cagliari, loin des attentes de Luis Enrique
10 journées plus tard, le positionnement est bien plus clair, même s'il reste perfectible

De plus, un tel système implique une grande maitrise et possession du ballon, et donc des joueurs capables de l’utiliser et de le récupérer vite. Seulement, si le système parait fonctionner face aux petites équipes, le déficit physique se fait souvent ressentir face aux plus gros calibres, comme le montrent les résultats face aux ténors de la Série A.
L'autre soucis de ce système est l'inefficacité offensive. Contre Milan, la Roma a frappé 23 fois au but pour ne marquer que 2 fois. Trop peu quand on connait la fébrilité défensive et les possibilités de contre-attaques offertes par ce système de jeu.

Les gros matchs :
Défaite dans le derby, défaite face au Milan, nul face à un Inter très faible, défaite face à Udinese.
C’est dans ces gros matchs que l’on peut jauger le niveau d’une équipe. Et force est de constater que la Roma n’est pas encore au niveau des premiers rôles de la Série A. Dominée face au Milan qui n'a pas eu à forcer son talent pour s'imposer à l'Olimpico (4 tirs cadrés pour 3 buts....), manquant d’expérience face à la Lazio, on sent là toutes les caractéristiques prévisibles et inhérentes au recrutement effectué.
Bojan, José Angel, Kjaer, Borini , Lamela ressemblent beaucoup à des recrutements pour l’avenir, tous ces joueurs ayant moins de 23 ans, et étant assez peu expérimentés. On le sent dans les matchs à pression, ou, quand ils jouent, ils ont tendance à être bien moins performants que lors des « petits » matchs.

Le problème étant que si on ne peut pas battre ces équipes, elles finiront devant nous au classement final, et il sera difficile de jouer une coupe d'Europe l'an prochain. Sans coupe d'Europe, il sera difficile d'améliorer nettement l'effectif, et même de retenir tout le monde. 


Les matchs face aux équipes « abordables »
Si l'on excepte les match des 3 premières journées, la Roma est venue à bout des "petites" équipes qu'elle a rencontré (Novara, Lecce, Atalanta, Parme). Il faudra absolument remporter ces confrontations, puisque pour le moment, dans les confrontations directes avec les meilleurs, la Louve sort chaque fois vaincue.

Ces victoires ont la plupart du temps le même profil: une nette possession du ballon (60% de moyenne sur ces 4 matchs), 8 frappes de plus que l'adversaire à chaque match, mais aussi, aucune expulsion. Fait important, car sur les 5 défaites de la Roma, 2 interviennent directement après des expulsions (Lazio et Cagliari).
Le principal soucis dans ces rencontres vient de la gestion des contre-attaques, ce qui a été mal réalisé face à Cagliari, et corrigé par la suite. La Roma veut faire le jeu et s'en donne les moyens, mais avec une défense aussi haute, il est difficile de ne pas s'exposer.


Face aux équipes "équivalentes"
 En cette saison de reconstruction, la Roma connait un bilan mitigé face aux seconds couteaux. Une victoire face à Palerme, et une défaite au Genoa. Difficile d'en tirer des conclusions, mais force est de constater que la Roma ne sait pas fermer le jeu, et qu'elle perd trop. 
La force d'une grande équipe, à mon sens, est aussi de savoir obtenir le nul lorsque la victoire n'est pas possible.
La Roma se retrouve avec deja 5 défaites, et seuls Parme et les 4 derniers du classement en comptent plus. C'est loin d'être un signe encourageant.



Joueur par Joueur :
Les gardiens :
Stekelenburg présentait à mon sens toutes les garanties d’une réussite. Premier gardien de haut niveau au club depuis Antonioli, experimenté, habitué aux gros matchs, force est de constater qu’il ne répond pas totalement aux attentes placées en lui. Certes, sa défense ne l’aide pas, mais on attend encore son  match référence, celui ou il sauvera l’équipe, un peu comme le derby qui avait fait de Julio Sergio un titulaire indiscutable malgré son niveau.
La difficulté de communication avec la défense n’aide en rien, mais on continue à croire que le successeur de Van Der Sar dans les buts Néérlandais va réussir à démontrer toutes ses qualités à Rome. Ou du moins, on l’espère.
Lobont a rempli son rôle de doublure lors de la blessure de Stek, sans être exceptionnel, mais sans commettre d’erreur dramatique non plus.

La défense :
Dans l’axe, c’est le flou complet. Avec une défense centrale différente à chaque match, impossible de trouver des repères et d’installer une complémentarité. Forcément, ça joue sur l’instabilité et la fébrilité défensive de la Louve depuis le début de la saison.
Burdisso s’imposait come l’indéboulonnable derrière, avec ses qualités de battant, son envie et sa dureté dans les duels, mais sa blessure en selection le rend indisponible pour le reste de la saison, un gros coup dur, surtout que derrière, les autres peinent à élever leur niveau.

Le gros coup dur de ce début de saison

Heinze est le même qu’à l’OM, très combattif, imbattable dans le jeu aérien, mais très lent (ce qui est gênant avec une défense aussi haute), parfois mal placé, et est surtout une solution de rechange plus qu’un titulaire, notamment à cause de sa difficulté à enchainer. Seulement, vu les évènements, il va devoir le faire. Et face à des gros adversaires.
Juan revient de blessure. C’est l’histoire de sa vie. Dès qu’il fait un match de très haut niveau, il se blesse. Puis travaille, progresse pour retrouver son niveau, y arrive, puis se blesse à nouveau. Si on réussit à le faire jouer à son meilleur niveau tout en préservant son physique, on aura fait un grand pas vers une stabilisation de la défense.
Kjaer était présenté comme le remplaçant de Mexes. J’en attendais donc beaucoup. Impressionné par ce que j’avais vu de lui avec le Danemark, je pensais que l’on tenait la perle rare. Jeune, bon, et deja habitué à la Serie A (il a deja évolué à Palerme avant de rejoindre Wolfsburg l’an passé). Seulement, il souffre du même problème que de gros potentiels en défense centrale : son inexpérience lui fait parfois faire des erreurs stupide (son exclusion face à la Lazio, sa mi-temps face à Parme…) et il connaît parfois un excès d’engagement. Le potentiel est là, mais il lui faudra du temps.
Reste à voir vers qui le club se tournera pour remplacer Burdisso. Cela donnera une indication des plans de Luis Enrique. Si l’on prend Savic en prêt, on sait que le quatuor en place a les faveurs du coach, si Silvestre arrive, on saura que ce sera un titulaire en puissance qui débarque.

Dans les couloirs, un seul joueur a, à mon sens, montré un véritable avenir, c’est José Angel. Loin d’être au niveau de Candela, à qui certains le comparent, il montre tout de même de belles choses, même si son replacement reste parfois assez aléatoire. Son apport offensif est plutôt bon, mais il n’a probablement pas encore le coffre pour exceller dans ce système. Tout comme Kjaer, son manque d’expérience lui fait parfois faire des choses stupides, ou sombrer sous la pression (comme face au Milan, ou il a été très décevant).
Se faire exclure pour une faute dans la surface adverse, ce n'est pas très malin

Si les autres ne m’ont pas convaincus, c’est aussi à cause de leur forte rotation. Quoi qu’en dise Luis Enrique, ni Taddei ni Perrotta ne sont des habitués de ce poste, et bien qu’ils aient réalisés des performances assez solides parfois, ils ne sont à mon sens que des solutions de remplacement, et aucunement des possibilités viables sur le long terme.
Le jeune Rosi commençait lui à me convaincre, avant sa blessure bête face à la Lazio (il se blesse en taclant trop durement son adversaire…). Les latéraux restent donc, eux aussi, une interrogation. Cela contribue à l’instabilité défensive, et surtout, n’aide pas Luis Enrique à installer définitivement son système, ou les latéraux sont une des clés de l’animation. Dommage que Cicinho soit définitivement cramé, que Cassetti soit en fin de course, et que Négo ne soit pas encore prêt, cela aurait pu faciliter le travail du coach.


Au milieu :
Daniele De Rossi est actuellement en train de renégocier son contrat, et cela se voit. Après 2 saisons très loin de ce que l’on est en droit d’attendre de lui, il réapparait cette saison, que ce soit dans le rôle de premier relanceur, ou dernièrement dans le celui de milieu axial. Fantastique dans le jeu aérien, très bon dans la relance, dur sur l’homme, on le retrouve enfin. Seulement, va-t-il se relâcher une fois son contrat signé ? Difficile à prévoir, mais il est sur que sans un De Rossi à son meilleur niveau, cette Roma n’y arrivera pas.

Gago confirme le bien que je pensais de lui. Sorte de Juan Argentin en ce qui concerne les blessures, il a un potentiel énorme, mais tarde à confirmer à cause de ses nombreuses blessures. Ces derniers temps, il réussit à enchainer, et prend le rôle de De Rossi en premier relanceur, ou il réussit de belles choses.

Pjanic est pour l’instant LA satisfaction de la saison. Très sceptique au départ, j’ai vite été convaincu par l’ancien Lyonnais, qui enchaine les belles performances avec régularité, et s’est découvert un coté décisif. 


Reste qu’il va devoir apprendre à maitriser ses nerfs, maintenant que son nouveau statut l’expose au marquage plus serré et aux coups plus fréquents des défenses adverses.

Pizzarro semble branché sur courant alternatif. Avec un système qui devrait pourtant lui convenir à merveille, on a du mal à voir le Chilien s’imposer, la faute aux blessures, et à un manque de régularité. C’est dommage parce qu’avec plus de libertés offensives, et plus de ballons, il devrait éclairer le jeu comme il sait le faire.

Simplicio et Perrotta ne sont que des solutions de rechange à ces postes, même s’ils ne déméritent pas lors de leurs titularisations. Greco, lui, est comme un joueur de Fifa quand tu joues online avec une mauvaise connexion. Il te parait génial au départ, puis il lag, et semble toujours avoir 2 secondes de retard pour effectuer le geste qu’il fallait. Dommage.

Devant, après des essais, des tentatives et des compositions variées, on a enfin trouvé notre duo. Osvaldo est devenu notre buteur attitré, réalisant des performances solides après un début très difficile ou il ne savait pas se placer, ni être trouvé par ses équipiers. Tout semblait bien parti pour lui jusque sa réaction stupide après le match face à Udine, qui le prive des 10 prochains jours avec la Roma, mais aussi très probablement de l’Euro. Espérons que ça l’aidera à ne pas reproduire ce genre de Balotellisme.


Son pendant devrait être Bojan, le jeune Espagnol retrouvant l’allant qu’il avait montré en préparation. On peut mettre son passage à vide sur la préparation, traditionnellement plus dure qu’en Espagne, il ne reste maintenant qu’à régler ses soucis d’efficacité. Il se créé les occasions, mais ne les met pas au fond, ce qu’il va falloir faire s’il veut passer un palier. Reste que sa participation au jeu et sa complémentarité avec Osvaldo vont en grandissant, et que s’il continue sur ce chemin, il sera indiscutable.

Borini et Boriello ont eu peu de chance de se mettre en évidence, et n’ont pas été exceptionnels lorsqu’ils ont eu leurs chances. On sent que Boriello n’entre pas du tout dans les plans du club, ce qui ne me dérange pas, mais s’il part, comme c’est probable, au mercato d’hiver, il va nous manquer un remplaçant de haut niveau indispensable d’une part pour conserver les titulaires sous pression, mais aussi d’autre part pour nous offrir une palette tactique plus développée.
Lamela, dans un rôle plus bas de meneur organisateur, a montré un certain potentiel, une belle capacité de dribble, mais doit avant tout apprendre à jouer avec les autres. Certes, il a beaucoup de talent et ça se voit, mais la différence ne se fait pas tout seul, en tout cas pas dans la durée. Il va falloir qu’il le comprenne et qu’il l’exécute, mais encore une fois, il a le temps. Sauf si le Khal Drogo Romain le décapite la prochaine fois qu’il ne lui donnera pas le ballon.

Totti est encore et toujours indispensable. Dans son rôle de meneur, il organise, éclaire le jeu, attire la défense, et libère des espaces pour les autres. Cependant, on peut remarquer qu'il n'a pas encore marqué, ni délivré de passe décisive. On peut donc attendre encore plus de notre Capitaine, si son hygiène de vie lui permet de conserver la forme et d'éviter les blessures.

Luis Enrique, lui, a gagné ma patience. Très sceptique au départ, il a réussi à me convaincre de lui laisser le bénéfice du doute. Il semble tactiquement au point pour la Serie A, mais parfois un peu novice, et très surprenant aussi. Une seule chose pour moi est incompréhensible : la rotation en défense centrale, qui est pour moi le pilier de l’équipe. Une fois la défense choisie, on s’y tient, et on ne la change qu’en cas de force majeure. L’Espagnol n’a pas la même vision que moi sur ce point, et c’est mon seul reproche à son égard. Espérons que la situation se corrigera rapidement, parce qu’un enchainement de mauvais résultats pourrait, à mon sens, signer la fin de son bail au mercato d’Hiver.