Pour cette saison de transition, la Roma parait pour le
moins inconstante. Capable de prestations solides puis de s’effondrer, il est
temps, après un tiers du championnat, de réaliser un premier bilan de l’équipe de
Luis Enrique.
Sur le plan collectif :
Très brouillon au départ de la saison, notamment en Europa
League et lors des 3 premières journées de Serie A, la Roma a eu du mal à s’adapter au système de son nouveau coach. C’est
assez compréhensible, puisqu’il ne se repose pas sur un système traditionnel et
figé, mais plutôt sur des "rôles" individuels.
Ainsi, l’équipe débute « sur
le papier » en 4-1-2-1-2, mais passe à 3 derrières en phase offensive,
avec des latéraux très offensifs, et un milieu défensif qui s’occupe de la
relance en venant rechercher le ballon à hauteur de ses défenseurs centraux.
Forcément, la transition n’est pas évidente, et il a fallu que tout le monde
s’habitue à ses nouvelles missions.
De plus, le système évolue quelque peu depuis que Gago est apte à enchainer les matchs.
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La position moyenne des joueurs face à Cagliari, loin des attentes de Luis Enrique |
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10 journées plus tard, le positionnement est bien plus clair, même s'il reste perfectible |
De plus, un tel système implique une grande maitrise et
possession du ballon, et donc des joueurs capables de l’utiliser et de le
récupérer vite. Seulement, si le système parait fonctionner face aux petites
équipes, le déficit physique se fait souvent ressentir face aux plus gros
calibres, comme le montrent les résultats face aux ténors de la Série A.
L'autre soucis de ce système est l'inefficacité offensive. Contre Milan, la Roma a frappé 23 fois au but pour ne marquer que 2 fois. Trop peu quand on connait la fébrilité défensive et les possibilités de contre-attaques offertes par ce système de jeu.
Les gros matchs :
Défaite dans le derby, défaite face au Milan, nul face à un
Inter très faible, défaite face à Udinese.
C’est dans ces gros matchs que l’on peut jauger le niveau
d’une équipe. Et force est de constater que la Roma n’est pas encore au niveau
des premiers rôles de la Série A. Dominée face au Milan qui n'a pas eu à forcer son talent pour s'imposer à l'Olimpico (4 tirs cadrés pour 3 buts....), manquant d’expérience
face à la Lazio, on sent là toutes les caractéristiques prévisibles et
inhérentes au recrutement effectué.
Bojan, José Angel, Kjaer, Borini , Lamela ressemblent
beaucoup à des recrutements pour l’avenir, tous ces joueurs ayant moins de 23
ans, et étant assez peu expérimentés. On le sent dans les matchs à pression,
ou, quand ils jouent, ils ont tendance à être bien moins performants que lors
des « petits » matchs.
Le problème étant que si on ne peut pas battre ces équipes, elles finiront devant nous au classement final, et il sera difficile de jouer une coupe d'Europe l'an prochain. Sans coupe d'Europe, il sera difficile d'améliorer nettement l'effectif, et même de retenir tout le monde.
Les matchs face aux équipes « abordables »
Si l'on excepte les match des 3 premières journées, la Roma est venue à bout des "petites" équipes qu'elle a rencontré (Novara, Lecce, Atalanta, Parme). Il faudra absolument remporter ces confrontations, puisque pour le moment, dans les confrontations directes avec les meilleurs, la Louve sort chaque fois vaincue.
Ces victoires ont la plupart du temps le même profil: une nette possession du ballon (60% de moyenne sur ces 4 matchs), 8 frappes de plus que l'adversaire à chaque match, mais aussi, aucune expulsion. Fait important, car sur les 5 défaites de la Roma, 2 interviennent directement après des expulsions (Lazio et Cagliari).
Le principal soucis dans ces rencontres vient de la gestion des contre-attaques, ce qui a été mal réalisé face à Cagliari, et corrigé par la suite. La Roma veut faire le jeu et s'en donne les moyens, mais avec une défense aussi haute, il est difficile de ne pas s'exposer.
Face aux équipes "équivalentes"
La Roma se retrouve avec deja 5 défaites, et seuls Parme et les 4 derniers du classement en comptent plus. C'est loin d'être un signe encourageant.
Joueur par Joueur :
Les gardiens :
Stekelenburg présentait à mon sens toutes les garanties
d’une réussite. Premier gardien de haut niveau au club depuis Antonioli,
experimenté, habitué aux gros matchs, force est de constater qu’il ne répond
pas totalement aux attentes placées en lui. Certes, sa défense ne l’aide pas,
mais on attend encore son match
référence, celui ou il sauvera l’équipe, un peu comme le derby qui avait fait
de Julio Sergio un titulaire indiscutable malgré son niveau.
La difficulté de communication avec la défense n’aide en
rien, mais on continue à croire que le successeur de Van Der Sar dans les buts
Néérlandais va réussir à démontrer toutes ses qualités à Rome. Ou du moins, on
l’espère.
Lobont a rempli son rôle de doublure lors de la blessure de
Stek, sans être exceptionnel, mais sans commettre d’erreur dramatique non plus.
La défense :
Dans l’axe, c’est le flou complet. Avec une défense centrale
différente à chaque match, impossible de trouver des repères et d’installer une
complémentarité. Forcément, ça joue sur l’instabilité et la fébrilité défensive
de la Louve depuis le début de la saison.
Burdisso s’imposait come l’indéboulonnable derrière, avec
ses qualités de battant, son envie et sa dureté dans les duels, mais sa
blessure en selection le rend indisponible pour le reste de la saison, un gros
coup dur, surtout que derrière, les autres peinent à élever leur niveau.
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Le gros coup dur de ce début de saison |
Heinze est le même qu’à l’OM, très combattif, imbattable
dans le jeu aérien, mais très lent (ce qui est gênant avec une défense aussi haute), parfois mal placé, et est surtout une
solution de rechange plus qu’un titulaire, notamment à cause de sa difficulté à
enchainer. Seulement, vu les évènements, il va devoir le faire. Et face à des
gros adversaires.
Juan revient de blessure. C’est l’histoire de sa vie. Dès
qu’il fait un match de très haut niveau, il se blesse. Puis travaille,
progresse pour retrouver son niveau, y arrive, puis se blesse à nouveau. Si on
réussit à le faire jouer à son meilleur niveau tout en préservant son physique,
on aura fait un grand pas vers une stabilisation de la défense.
Kjaer était présenté comme le remplaçant de Mexes. J’en
attendais donc beaucoup. Impressionné par ce que j’avais vu de lui avec le
Danemark, je pensais que l’on tenait la perle rare. Jeune, bon, et deja habitué
à la Serie A (il a deja évolué à Palerme avant de rejoindre Wolfsburg l’an
passé). Seulement, il souffre du même problème que de gros potentiels en
défense centrale : son inexpérience lui fait parfois faire des erreurs
stupide (son exclusion face à la Lazio, sa mi-temps face à Parme…) et il
connaît parfois un excès d’engagement. Le potentiel est là, mais il lui faudra
du temps.
Reste à voir vers qui le club se tournera pour remplacer
Burdisso. Cela donnera une indication des plans de Luis Enrique. Si l’on prend
Savic en prêt, on sait que le quatuor en place a les faveurs du coach, si
Silvestre arrive, on saura que ce sera un titulaire en puissance qui débarque.
Dans les couloirs, un seul joueur a, à mon sens, montré un
véritable avenir, c’est José Angel. Loin d’être au niveau de Candela, à qui
certains le comparent, il montre tout de même de belles choses, même si son
replacement reste parfois assez aléatoire. Son apport offensif est plutôt bon,
mais il n’a probablement pas encore le coffre pour exceller dans ce système.
Tout comme Kjaer, son manque d’expérience lui fait parfois faire des choses
stupides, ou sombrer sous la pression (comme face au Milan, ou il a été très
décevant).
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Se faire exclure pour une faute dans la surface adverse, ce n'est pas très malin |
Si les autres ne m’ont pas convaincus, c’est aussi à cause
de leur forte rotation. Quoi qu’en dise Luis Enrique, ni Taddei ni Perrotta ne
sont des habitués de ce poste, et bien qu’ils aient réalisés des performances
assez solides parfois, ils ne sont à mon sens que des solutions de
remplacement, et aucunement des possibilités viables sur le long terme.
Le jeune Rosi commençait lui à me convaincre, avant sa
blessure bête face à la Lazio (il se blesse en taclant trop durement son
adversaire…). Les latéraux restent donc, eux aussi, une interrogation. Cela
contribue à l’instabilité défensive, et surtout, n’aide pas Luis Enrique à
installer définitivement son système, ou les latéraux sont une des clés de
l’animation. Dommage que Cicinho soit définitivement cramé, que Cassetti soit
en fin de course, et que Négo ne soit pas encore prêt, cela aurait pu faciliter
le travail du coach.
Au milieu :
Daniele De Rossi est actuellement en train de renégocier son
contrat, et cela se voit. Après 2 saisons très loin de ce que l’on est en droit
d’attendre de lui, il réapparait cette saison, que ce soit dans le rôle de
premier relanceur, ou dernièrement dans le celui de milieu axial. Fantastique
dans le jeu aérien, très bon dans la relance, dur sur l’homme, on le retrouve
enfin. Seulement, va-t-il se relâcher une fois son contrat signé ? Difficile
à prévoir, mais il est sur que sans un De Rossi à son meilleur niveau, cette
Roma n’y arrivera pas.
Gago confirme le bien que je pensais de lui. Sorte de Juan
Argentin en ce qui concerne les blessures, il a un potentiel énorme, mais tarde
à confirmer à cause de ses nombreuses blessures. Ces derniers temps, il réussit
à enchainer, et prend le rôle de De Rossi en premier relanceur, ou il réussit
de belles choses.
Pjanic est pour l’instant LA satisfaction de la saison. Très
sceptique au départ, j’ai vite été convaincu par l’ancien Lyonnais, qui
enchaine les belles performances avec régularité, et s’est découvert un coté
décisif.
Reste qu’il va devoir apprendre à
maitriser ses nerfs, maintenant que son nouveau statut l’expose au marquage
plus serré et aux coups plus fréquents des défenses adverses.
Pizzarro semble branché sur courant alternatif. Avec un
système qui devrait pourtant lui convenir à merveille, on a du mal à voir le
Chilien s’imposer, la faute aux blessures, et à un manque de régularité. C’est
dommage parce qu’avec plus de libertés offensives, et plus de ballons, il
devrait éclairer le jeu comme il sait le faire.
Simplicio et Perrotta ne sont que des solutions de rechange
à ces postes, même s’ils ne déméritent pas lors de leurs titularisations.
Greco, lui, est comme un joueur de Fifa quand tu joues online avec une mauvaise
connexion. Il te parait génial au départ, puis il lag, et semble toujours avoir
2 secondes de retard pour effectuer le geste qu’il fallait. Dommage.
Devant, après des essais, des tentatives et des compositions
variées, on a enfin trouvé notre duo. Osvaldo est devenu notre buteur attitré,
réalisant des performances solides après un début très difficile ou il ne
savait pas se placer, ni être trouvé par ses équipiers. Tout semblait bien
parti pour lui jusque sa réaction stupide après le match face à Udine, qui le
prive des 10 prochains jours avec la Roma, mais aussi très probablement de
l’Euro. Espérons que ça l’aidera à ne pas reproduire ce genre de Balotellisme.
Son pendant devrait être Bojan, le jeune Espagnol retrouvant
l’allant qu’il avait montré en préparation. On peut mettre son passage à vide
sur la préparation, traditionnellement plus dure qu’en Espagne, il ne
reste maintenant qu’à régler ses soucis d’efficacité. Il se créé les occasions,
mais ne les met pas au fond, ce qu’il va falloir faire s’il veut passer un
palier. Reste que sa participation au jeu et sa complémentarité avec Osvaldo
vont en grandissant, et que s’il continue sur ce chemin, il sera indiscutable.
Borini et Boriello ont eu peu de chance de se mettre en
évidence, et n’ont pas été exceptionnels lorsqu’ils ont eu leurs chances. On
sent que Boriello n’entre pas du tout dans les plans du club, ce qui ne me
dérange pas, mais s’il part, comme c’est probable, au mercato d’hiver, il va
nous manquer un remplaçant de haut niveau indispensable d’une part pour
conserver les titulaires sous pression, mais aussi d’autre part pour nous
offrir une palette tactique plus développée.
Lamela, dans un rôle plus bas de meneur organisateur, a
montré un certain potentiel, une belle capacité de dribble, mais doit avant
tout apprendre à jouer avec les autres. Certes, il a beaucoup de talent et ça
se voit, mais la différence ne se fait pas tout seul, en tout cas pas dans la
durée. Il va falloir qu’il le comprenne et qu’il l’exécute, mais encore une
fois, il a le temps. Sauf si le Khal Drogo Romain le décapite la prochaine fois
qu’il ne lui donnera pas le ballon.
Totti est encore et toujours indispensable. Dans son rôle
de meneur, il organise, éclaire le jeu, attire la défense, et libère des
espaces pour les autres. Cependant, on peut remarquer qu'il n'a pas encore marqué, ni délivré de passe décisive. On peut donc attendre encore plus de notre Capitaine, si son hygiène de vie lui permet de conserver la forme et d'éviter les blessures.
Luis Enrique, lui, a gagné ma patience. Très sceptique au
départ, il a réussi à me convaincre de lui laisser le bénéfice du doute. Il
semble tactiquement au point pour la Serie A, mais parfois un peu novice, et
très surprenant aussi. Une seule chose pour moi est incompréhensible : la
rotation en défense centrale, qui est pour moi le pilier de l’équipe. Une fois
la défense choisie, on s’y tient, et on ne la change qu’en cas de force
majeure. L’Espagnol n’a pas la même vision que moi sur ce point, et c’est mon
seul reproche à son égard. Espérons que la situation se corrigera rapidement,
parce qu’un enchainement de mauvais résultats pourrait, à mon sens, signer la
fin de son bail au mercato d’Hiver.